5 juin 1662 : Le grand carrousel

Publié le par Philippe PELTIER

 Le Grand Carrousel donné par Louis XIV dans la cour des Tuileries à Paris le 5 et 6 juin 1662, xviie siècle, huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le Grand Carrousel donné par Louis XIV dans la cour des Tuileries à Paris le 5 et 6 juin 1662, xviie siècle, huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le 5 juin

Nous sommes le 5 juin 1662, je suis assis dans un gradin qui longe la place des Tuileries. Une foule immense est massée autour de cette place. On nous dit que nous sommes 15.000 personnes. Je n'ai jamais vu cela. Parmi nous il y a beaucoup d'étrangers et le tout Paris. Devant le pavillon central du palais des Tuileries, sur une tribune monumentale de trois étages, j'aperçois la reine mère Anne d’Autriche, la reine Marie-Thérèse et les dames de la cour. Dans les étages inférieures et supérieurs, il y a des personnes que je ne connais pas, sans doute des princes de la cour et les ambassadeurs. En tout cas, c'est une somptueuse tribune ! Elle est couverte d'un dais de velours violet enrichi de fleurs de lys d’or.

Pourquoi, je suis là ? Vous ne le savez pas !! Cela fait 7 mois que l'on en parle. Le roi donne une grande fête en l'honneur de la naissance du Dauphin. Monseigneur le Grand Dauphin est né le 1er novembre 1661. Il paraît que cette fête est un carrousel. Mon oncle, qui s'y connaît, m'a dit que ce mot vient de la contraction de deux mots latins "carrus-soli", ce qui signifie "char du soleil". Cette fête serait héritée du tournoi médiéval, c'est un intermédiaire entre les parades équestres et les jeux guerriers italiens. C'est sûrement vrai car le roi choisi à partir d'aujourd'hui comme emblème le Soleil et comme devise « Nec pluribus impar ». Encore une fois, heureusement que mon oncle est là. Cela veut dire « Au-dessus de presque tous ». Ah vous entendez la musique ? (voir lien vidéo) Cela va bientôt commencer.

Lully - Fanfare pour le Carrousel Royal

C'est parti, un premier groupe de chevaux avance. Les cavaliers ressemblent à des romains. Mais c'est le roi qui commande ce groupe !!! Qu'il est beau !!! Le roi est vêtu d'un costume de brocart d'argent rebrodé d'or et de pierres précieuses. Le harnois de son cheval est de couleur feu muni éclats d'or, d'argent et de pierreries. Il a fier allure entouré de cavaliers musiciens. Il va aller saluer la reine.

Le roi

Le roi

Des musiciens de la brigade romaine commandée par le RoiDes musiciens de la brigade romaine commandée par le Roi

Des musiciens de la brigade romaine commandée par le Roi

Un deuxième groupe arrive. Cette fois, les cavaliers ressemblent à des perses, enfin c'est ce qu'on me dit. Vous savez moi, des perses, j'en ai jamais vus. En tout cas, c'est beau aussi. C'est le frère du roi, qu'on appelle monsieur, qui dirige le groupe. Il est drôle son chapeau avec des plumes rouges et rose. Son cheval est également bien orné.

Monsieur (frère du roi), Roy de Perse

Monsieur (frère du roi), Roy de Perse

Et voilà un troisième qui s'approche. Ce sont des chevaliers turcs. Enfin, ils sont habillés comme ça car celui qui commande le groupe est le le prince de Condé. Vous savez c'est le cousin germains de Louis XIV. C'est le général français qui a fait la guerre de Trente Ans. Enfin, lui aussi a fier allure en Empereur des Turcs.

Le Prince de Condé, Empereur des Turcs  et  Escadron du Prince de CondéLe Prince de Condé, Empereur des Turcs  et  Escadron du Prince de Condé

Le Prince de Condé, Empereur des Turcs et Escadron du Prince de Condé

Un quatrième groupe s'avance. C'est celui du duc d’Enghien. Il sont habillés en indiens. Ce sont les habitants des indes bien entendus pas les sauvages des Amériques. C'est joli à voir. Les costumes sont très colorés.

Le Duc d'Anguein, Roy des Indes  et un timbalier de la brigade des Indes
Le Duc d'Anguein, Roy des Indes  et un timbalier de la brigade des Indes

Le Duc d'Anguein, Roy des Indes et un timbalier de la brigade des Indes

Eh bien, quand on parle du loup !!! Voici le dernier, le duc de Guise est roi des sauvages d'Amérique. C'est drôle comme costume. Il y a des sortes de branches sur le chapeau du duc et sur son cheval. Je ne voyais pas les sauvages comme cela.

le Duc de Guise "Roi américain"

le Duc de Guise "Roi américain"

Les défilés sont finis. Ils étaient nombreux tous ses cavaliers. On m'a dit qu'ils étaient 1299 ! Moi je n'ai pas compté mais c'est sûr ils étaient plus de 1000. Le spectacle se termine il ne reste plus que des chevaliers, des musiciens, des artistes en tout genre qui font leur numéro au centre du parc. C'est très joli également. Demain, c'est sûr, je reviens car la fête va durer deux jours.

5 juin 1662 : Le grand carrousel5 juin 1662 : Le grand carrousel
5 juin 1662 : Le grand carrousel

6 juin

Me voici de retour, j'ai eu du mal à regagner ma place. Je suis impatient de voir ce que nous réserve cette journée. Cette nuit, j'ai fait de beaux rêves. Je me voyais en général commandant une armée de vaillants soldats. Çà y est cela recommence.

Des cavaliers s'affrontent dans des courses de bagues. Le cavalier au galop doit passer sa lance à travers un anneau suspendu. C'est très difficile. Moi qui sais à peine monter sur un cheval, je n'y arriverai jamais. C'est le comte de Sault qui gagne cette épreuve. Il s'avance vers la tribune de la reine. Il l'a salue et elle lui donne un joli coffret. Il paraît qu'il y a le portrait du roi dessus et que ce coffret est rempli de diamants.

J'assiste maintenant une deuxième épreuve. Il s'agit d'une course de têtes. Ce jeu consiste à emporter du bout de la lance une tête (de turc, de more ou de Méduse) posée sur un poteau à une hauteur déterminée. Là encore, il faut être précis et adroit. C'est le marquis de Bellefonds qui emporte le prix de la course de têtes.

La journée s'achève. Il y a encore quelques parades avec des musiciens et cavaliers de toutes sortes mais plus de tournoi. C'était vraiment grandiose. C'est la première fois que le roi donne une fête au petite gens comme moi. J'ai bien peur que ce soit la dernière. Je sais qu'il est prévu un autre carrousel à Versailles dans 2 ans mais je ne peux pas y assister.

Course de bagues

Course de bagues

course de têtes

course de têtes

Explications

Voici un an, depuis la mort de Mazarin, Le roi gouverne par lui-même depuis un an (mort de Mazarin). Il tient à affirmer aux yeux de tous qu'il est le maître incontesté. L'organisation du carrousel dans la cour des Tuileries est donc à la fois la célébration la naissance du dauphin et la proclamation de la gloire du souverain. Il offre un spectacle public capable de frapper les imaginations car les peuples, explique Louis XIV dans ses Mémoires, « se plaisent au spectacle, où au fond on a toujours pour but de leur plaire […]. Par là, nous tenons leur esprit et leur cœur, quelquefois plus fortement peut-être, que par les récompenses et les bienfaits ».

Le pouvoir absolu du roi se trouve ici spectaculairement affirmé, notamment par un déploiement de devises et d’emblèmes. Dans ses mémoires le roi explique : « Ce fut là [lors du carrousel de 1662] que je commençai à prendre [la devise] que j'ai toujours gardée depuis... »

Carlo Vigarani, dont le père était architecte de Mazarin, fut désigné pour mettre en scène le carrousel, déploiement équestre d’une ampleur inédite. C'est Henri de Gissey qui avait conçu les costumes extraordinaires. De magnifiques dessins préparatoires avaient été fait avant la réalisation des costumes. Ces dessins sont conservés à la bibliothèque de Versailles.

Magnifique dessin préparatoire

Magnifique dessin préparatoire

Enfin, on peut voir une représentation du Carrousel Royal au château de Versailles les 4, 5 et 6 juillet à partir de 21h30.

Carrousel Royal au château de Versailles

Petits suppléments :

- la place ou c'est déroulé le grand carrousel prendra le nom place de Carrousel. Napoléon vit construire l'arc de triomphe du Carrousel pour servir d'entrée d'honneur au château des Tuileries.

5 juin 1662 : Le grand carrousel

- Le palais des Tuileries a entièrement brûlé en 1871. Construit à Paris à partir de 1564, sous l'impulsion de Catherine de Médicis, ce palais, de style Renaissance, fut la résidence de nombreux souverains français, du XVIe au XIXe siècle.

Il était une fois les Tuileries - Un beau documentaire que je vous conseille

L’hymne anglais a pour origine un abcès à l'anus de Louis XIV (je ne vais pas faire de plaisanterie c'est trop facile).

Nous sommes au début de l’année 1686, Louis XIV se plaint de douleur à l’Anus. Un abcès au niveau de l’anus est diagnostiqué. Ce dernier se transforme vite en une fistule anale. Il faut opéré sinon le roi va mourir. Cependant, une opération de ce genre n'a jamais été faite. Le docteur Félix l'opère à l'aide d'un outil spécifique, en forme de crochet qu'il a testé sur des cobayes humains (préalablement sélectionnés dans les prisons royales). Le roi est guéri. Plusieurs prêtèrent à cette guérison une dimension divine. C’est notamment le cas pour la duchesse de Brinon, alors « supérieure au couvent de Saint-Cyr ». Elle décida de composer un cantique remerciant dieu d’avoir sauvé sa majesté le roi. Le texte fut chanté par les religieuses du couvent sur une musique de Lully, compositeur du roi. La chanson a pour titre « Grand dieu sauve le roi » (« God save the king! » en anglais). Un dénommé Haendel, alors compositeur anglais de passage à la cours de France, écouta ce cantique. Lorsqu'il rentra en Angleterre, il le traduit en anglais puis présenta ce véritable plagia au roi britannique. Celle-ci lui plut tellement qu’il décida d’en faire l’hymne officiel de la couronne.

Très drôle non !!!

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